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Stress et anxiété chez les enfants : comment les reconnaître ?

  • Photo du rédacteur: Mélody Aknine
    Mélody Aknine
  • 17 nov.
  • 4 min de lecture
enfant stressé

Quand les inquiétudes prennent trop de place


Il est normal qu’un enfant ressente du stress : un contrôle à l’école, une dispute avec un ami, un changement dans la routine… Cela fait partie du développement. Cependant, certaines manifestations peuvent devenir envahissantes et perturber le quotidien familial. De nombreux parents que je rencontre me confient ne pas toujours savoir si leur enfant est simplement inquiet ou s’il vit une anxiété plus profonde. Reconnaître les signes, comprendre leur origine et intervenir tôt permet non seulement de soutenir l’enfant, mais aussi d’éviter que ces difficultés ne s’installent durablement.


Problématique : comprendre les mécanismes du stress et de l’anxiété chez l’enfant


Le stress est une réaction physiologique normale : le corps se prépare à faire face à un défi. Mais chez certains enfants, cette réaction se déclenche trop souvent, trop intensément, ou sans raison évidente. Selon les travaux de Jean Piaget, les enfants n’ont pas encore les capacités cognitives nécessaires pour comprendre ou relativiser certaines situations. Leur immaturité émotionnelle rend l’interprétation du monde parfois plus menaçante qu’elle ne l’est réellement.


L’anxiété peut alors s’exprimer de multiples façons. Sur le plan corporel, certains enfants se plaignent de maux de ventre, de maux de tête, ou présentent des troubles du sommeil. D’autres manifestent leur stress par de l’agitation, de l’irritabilité ou un besoin constant de réassurance. Les travaux de Daniel Goleman ont montré que lorsqu’un enfant se trouve submergé par ses émotions, son cerveau émotionnel « court-circuite » temporairement sa capacité à réfléchir ou à se calmer, ce qui explique certaines réactions disproportionnées.


Ne pas reconnaître ces signes peut entraîner une amplification des symptômes. L’enfant peut développer une anxiété généralisée, des phobies, un refus scolaire ou un évitement social. À long terme, cette anxiété peut affecter l’estime de soi, limiter les prises d’initiative et impacter les apprentissages. Il est donc essentiel que les parents puissent repérer les signes précoces et agir avec douceur et constance.


Conseils pratiques et solutions : accompagner son enfant dans ses émotions anxieuses


  1. Créer un espace d’expression sécurisant

    La première étape consiste à offrir un cadre où l’enfant se sent autorisé à parler de ses inquiétudes. Beaucoup d’enfants peinent à expliquer ce qu’ils ressentent, non pas par refus, mais parce que leur vocabulaire émotionnel est encore limité. Les parents peuvent les aider en nommant ce qu’ils observent :– « J’ai l’impression que tu es préoccupé aujourd’hui. »– « Ton ventre te fait mal quand quelque chose te tracasse, tu veux en parler ? »Les travaux d’Isabelle Filliozat montrent que nommer l’émotion permet au cerveau de se réguler plus rapidement.


  2. Valider les émotions de l’enfant

    Dire « Ce n’est rien » ou « Tu n’as pas de raison d’avoir peur » peut renforcer le sentiment de déconnexion ou d’incompréhension. Une attitude plus constructive consiste à dire :– « Je comprends que cette situation te fasse peur. On va voir ensemble comment t’aider. » Cette validation, soutenue par la théorie de l’attachement de Bowlby, renforce la sécurité émotionnelle, pilier essentiel du développement.


  3. Installer des routines rassurantes

    Les routines jouent un rôle protecteur majeur. Un enfant anxieux a besoin de prévisibilité. Des repères stables — heure de coucher régulière, rituels de séparation, organisation claire de la journée — réduisent la charge mentale et l’activation du système de stress (travaux de Catherine Gueguen et neurosciences affectives).


  4. Enseigner des outils de régulation émotionnelle

    Quelques techniques simples peuvent aider l’enfant à retrouver son calme :– respiration lente,– visualisation d’un endroit sécurisant,– petits étirements,– objet « ressource » à garder sur lui. Ces outils lui permettent de reprendre le contrôle lors des tempêtes émotionnelles.


  5. Éviter les comparaisons et la pression

    Chaque enfant avance à son rythme. Comparer, minimiser ou presser aggrave souvent l’anxiété. Un environnement compréhensif, encourageant et patient favorise la confiance en soi et apaise les peurs. Si l’anxiété persiste ou s’intensifie, un accompagnement psychologique peut offrir un espace sécurisé pour identifier les causes et mettre en place des stratégies adaptées.

  6. Consulter un psychologue lorsque l’anxiété prend trop de place


    Lorsque les peurs commencent à impacter durablement le quotidien — sommeil perturbé, refus scolaires, crises fréquentes, somatisations, isolement social… — il peut être utile de consulter un professionnel.


    Un psychologue pour enfant peut :


    – aider à identifier l’origine de l’anxiété,

    – proposer des outils personnalisés,

    – travailler avec les parents pour instaurer un climat sécurisant,

    – accompagner l’enfant vers plus d’autonomie émotionnelle.


    Consulter tôt permet souvent d’éviter que l’anxiété ne s’installe ou ne s’intensifie.


Conclusion : Accompagner avec patience, douceur et constance


Reconnaître le stress et l’anxiété chez un enfant, c’est d’abord accepter que ses émotions soient légitimes, même si elles nous paraissent disproportionnées. Les enfants ont besoin d’être guidés, entendus et rassurés. En observant leurs comportements, en nommant leurs ressentis et en mettant en place un environnement stable et rassurant, les parents jouent un rôle fondamental dans la diminution de l’anxiété. Rien ne se règle en un jour, mais chaque petite avancée est une victoire. Avec de la patience, de l’écoute et de la cohérence, un enfant anxieux peut apprendre à mieux comprendre son monde intérieur et à se sentir en sécurité.


Pour aller plus loin

Lectures

  • Daniel Goleman — L’intelligence émotionnelle

  • Catherine Gueguen — Pour une enfance heureuse

  • Isabelle Filliozat — Au cœur des émotions de l’enfant

  • Susan Kaiser Greenland — Calme et attentif comme une grenouille


Podcasts

  • Les adultes de demain — épisodes sur la gestion des émotions

  • Change ma vie — séries sur l’anxiété et la régulation émotionnelle

  • Parentalité Bienveillante


Outils pour les enfants

  • Exercices de respiration (carte ou application simple type Respirelax)

  • Livres sur les émotions adaptés à l’âge (Anna Llenas, Gaston la licorne…)


Sources scientifiques

  • Bowlby, J. (1969). Attachment and Loss. Basic Books.

  • Piaget, J. (1975). La naissance de l’intelligence chez l’enfant. Delachaux et Niestlé.

  • Goleman, D. (1995). Emotional Intelligence. Bantam Books.

  • Gueguen, C. (2014). Pour une enfance heureuse. Pocket.

  • Filliozat, I. (2013). Il n’y a pas de parent parfait. JC Lattès.

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