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La culpabilité parentale : comment s’en libérer ?

  • Photo du rédacteur: Mélody Aknine
    Mélody Aknine
  • 13 oct.
  • 4 min de lecture
confiance parent

Être parent, c’est une aventure aussi merveilleuse qu’exigeante. Entre les injonctions à « bien faire », les comparaisons sociales et les doutes quotidiens, de nombreux parents se sentent parfois submergés par un sentiment de culpabilité : « Ai-je été trop dur ? », « Est-ce que je passe assez de temps avec mon enfant ? », « Ai-je fait le bon choix ? ».


Ce poids invisible, souvent amplifié par la pression sociale et les images idéalisées de la parentalité, peut miner la confiance et la sérénité des parents. Pourtant, la culpabilité, si elle est écoutée et comprise, peut devenir un moteur de réflexion plutôt qu’un fardeau.


Problématique


La culpabilité parentale naît souvent du décalage entre le parent réel et le parent idéal. La société, les réseaux sociaux, mais aussi l’entourage, véhiculent une image d’une parentalité parfaite : toujours patiente, à l’écoute, bienveillante et disponible. Or, dans la réalité, les parents sont humains — ils se fatiguent, se fâchent, doutent et ne peuvent pas toujours tout faire.


Selon Donald Winnicott, pédiatre et psychanalyste britannique, l’objectif n’est pas d’être un parent parfait, mais un « parent suffisamment bon » — capable de répondre de manière ajustée aux besoins de l’enfant, sans pour autant s’oublier. La culpabilité devient problématique lorsqu’elle se transforme en honte ou en anxiété chronique : le parent s’auto-évalue sans cesse, s’épuise à vouloir combler un idéal impossible et perd confiance en sa capacité éducative. Cela peut, à long terme, fragiliser la relation avec l’enfant.


Comme le souligne Brené Brown, chercheuse en psychologie et en vulnérabilité, « la honte nous dit que nous sommes mauvais, alors que la culpabilité nous dit que nous avons fait quelque chose de mal ». Apprendre à distinguer ces deux émotions est la première étape vers la libération.


Conseils pratiques et solutions


1. Accueillir sa culpabilité comme une émotion normale


La culpabilité est une émotion naturelle qui reflète souvent l’amour et l’engagement envers son enfant. Elle montre que le parent se questionne, qu’il veut bien faire. Plutôt que de la repousser, il est utile de l’accueillir :

« Si je ressens cela, c’est que je tiens à mon rôle et à mon enfant. »Reconnaître cette émotion sans s’y identifier aide à la comprendre plutôt qu’à la subir.

2. Identifier les sources de la culpabilité


Beaucoup de parents culpabilisent pour des raisons externes : le regard des autres, les comparaisons sur les réseaux sociaux, ou les conseils contradictoires de l’entourage. D’autres culpabilisent à cause de leur histoire personnelle — en cherchant à « réparer » ce qu’ils n’ont pas reçu eux-mêmes. Tenir un petit journal des pensées culpabilisantes permet de repérer ces schémas : « Suis-je coupable d’un fait réel, ou d’une norme que je m’impose ? »


3. Revenir à l’essentiel : le lien plutôt que la perfection


L’enfant n’a pas besoin de parents parfaits, mais de parents présents et authentiques. Les études en psychologie de l’attachement, notamment celles de John Bowlby, montrent que la sécurité affective de l’enfant repose sur la constance et la disponibilité émotionnelle du parent, pas sur l’absence d’erreurs. Un moment de tendresse, un regard bienveillant, un « pardon » sincère après un mot trop fort ont beaucoup plus de valeur que l’illusion d’une maîtrise totale.


4. Apprendre à se pardonner


Se pardonner, c’est accepter que l’on puisse parfois se tromper, tout en gardant la volonté d’évoluer. Les parents perfectionnistes ont souvent du mal à lâcher prise, mais comme le rappelle Carl Rogers, « c’est en s’acceptant tel que l’on est que l’on peut changer ».Le pardon envers soi-même est un acte d’humilité et d’amour, qui renforce la confiance et la disponibilité intérieure.


5. Prendre soin de soi pour mieux prendre soin des autres


La fatigue émotionnelle ou physique alimente la culpabilité. Un parent épuisé réagit davantage sous le coup de la colère ou de l’impatience, puis s’en veut.S’autoriser des moments pour soi — une marche, une lecture, un café entre amis, ou simplement du repos — n’est pas un luxe, mais une nécessité. Comme le dit joliment Catherine Gueguen, « un parent apaisé transmet la sécurité intérieure à son enfant ».


6. Chercher du soutien et parler de ses émotions


Partager ses doutes avec un professionnel ou d’autres parents permet de relativiser et de comprendre que la culpabilité est universelle. En parler, c’est déjà la désamorcer. Les groupes de parole, les lectures inspirantes ou l’accompagnement psychologique offrent des repères et redonnent confiance dans ses compétences parentales.



La culpabilité parentale est le reflet d’un amour sincère, mais lorsqu’elle devient envahissante, elle empêche le parent de profiter de la relation avec son enfant. Apprendre à l’accueillir, à l’écouter et à s’en libérer progressivement permet de retrouver un équilibre entre exigence et bienveillance.

Rappelons-nous que les enfants n’ont pas besoin de parents parfaits : ils ont besoin de parents vrais, capables de reconnaître leurs erreurs et de se relever. La plus belle leçon qu’un parent puisse offrir à son enfant, c’est justement celle-là : la permission d’être imparfait, mais aimant.


Ressources pour aller plus loin

  • Lectures

    • Donald Winnicott, De la pédiatrie à la psychanalyse

    • Catherine Gueguen, Vivre heureux avec son enfant

    • Brené Brown, Le pouvoir de la vulnérabilité

    • Carl Rogers, Le développement de la personne

  • Podcasts et conférences

    • Change ma vie – épisodes sur la culpabilité et la bienveillance envers soi-même

    • Les couilles sur la table – épisode sur la parentalité moderne

    • La Matrescence – podcast sur les émotions parentales

  • Livres jeunesse à partager avec les enfants

    • Astrid Desbordes, Mon amour

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