Rentrée scolaire : comment vivre la séparation sereinement en tant que parents.
- Mélody Aknine
- 15 sept.
- 4 min de lecture

La rentrée scolaire est un moment particulier, rempli d’émotions contradictoires. Pour les enfants, il s’agit d’un temps de découverte, d’apprentissage et de socialisation. Pour les parents, c’est souvent un mélange de fierté, d’inquiétude et parfois de tristesse. Beaucoup me disent : « J’ai l’impression qu’il n’a plus besoin de moi », « Je redoute le moment de le laisser à la porte de l’école » ou encore « C’est comme si je le confiais à un monde que je ne maîtrise pas ».
Ces émotions sont normales : la rentrée symbolise une étape dans le développement de l’enfant, mais aussi une petite séparation que le parent doit apprendre à apprivoiser. Cet article vise à vous accompagner pour vivre ce moment avec plus de sérénité, en comprenant les enjeux psychologiques et en découvrant des outils concrets pour rendre cette transition plus douce.
Pourquoi la séparation est-elle si difficile ?
La difficulté à vivre la séparation lors de la rentrée scolaire ne vient pas seulement de l’enfant, mais aussi du parent. Comprendre ce qui se joue peut permettre de déculpabiliser et de mieux accompagner son enfant.
Chez l’enfant : un défi développemental
Selon John Bowlby, père de la théorie de l’attachement, l’enfant construit un lien sécurisant avec ses figures parentales, qui devient la base de sa confiance dans le monde extérieur. L’entrée à l’école représente une première grande épreuve : quitter ce cadre sécurisant pour s’ouvrir à un nouvel environnement.
Il n’est donc pas rare de voir des pleurs au moment de la séparation, une anxiété de courte durée ou même des comportements de régression (par exemple, demander à dormir avec ses parents ou avoir du mal à se séparer le matin). Ces manifestations ne sont pas des signes de faiblesse, mais le reflet du processus normal de détachement progressif.
Chez le parent : des émotions complexes
Pour les parents, la séparation renvoie à plusieurs peurs :
La peur de ne plus être indispensable : voir son enfant grandir peut être vécu comme une petite perte.
La peur qu’il souffre : beaucoup craignent que leur enfant se sente seul, triste ou perdu.
La culpabilité : certains se reprochent de « l’abandonner » à l’école, surtout si l’enfant pleure ou proteste.
Ces ressentis peuvent, s’ils ne sont pas identifiés, se transmettre à l’enfant. Les travaux de Daniel Stern, spécialiste de la parentalité, montrent que l’enfant capte très tôt les émotions de ses parents, ce qui peut renforcer son anxiété.
Les conséquences d’une séparation difficile
Si la séparation n’est pas accompagnée avec douceur, elle peut entraîner :
Une anxiété persistante chez l’enfant, parfois proche de l’angoisse de séparation.
Des résistances scolaires (refus d’aller à l’école, maux de ventre avant la classe).
Un sentiment de culpabilité renforcé chez le parent, qui se sent « mauvais » ou « impuissant ».
Il est donc essentiel d’accompagner ces moments avec bienveillance, pour que chacun trouve sa place et que la rentrée devienne une étape positive.
Conseils pratiques et solutions
1. Préparer l’enfant en amont
Quelques jours avant la rentrée, il est utile de parler à l’enfant de ce qui va se passer : l’école, la maîtresse ou le maître, les copains, les activités. Lire ensemble des livres sur le sujet (comme T’choupi rentre à l’école) peut l’aider à se projeter.
Exemple : une maman m’a confié que son fils de 4 ans avait beaucoup moins d’appréhension après avoir visité l’école la veille de la rentrée et choisi son cartable avec enthousiasme.
2. Valider les émotions de l’enfant
Lorsque l’enfant dit : « J’ai peur » ou « Je ne veux pas y aller », il est important de ne pas minimiser ses émotions par des phrases comme « Mais enfin, il n’y a pas de raison d’avoir peur ».À la place, on peut dire : « Je comprends que tu sois inquiet, c’est normal quand on découvre quelque chose de nouveau ».
Cette validation émotionnelle, développée par Carl Rogers dans son approche centrée sur la personne, permet à l’enfant de se sentir entendu et rassuré.
3. Instaurer un rituel de séparation
Un rituel simple et répétitif (un bisou, un câlin, un petit mot ou un objet transitionnel comme un doudou) aide l’enfant à comprendre que la séparation est temporaire et qu’il retrouvera son parent.
Exemple : certains parents dessinent un petit cœur sur la main de l’enfant et le leur en retour. Ce geste devient un repère sécurisant tout au long de la journée.
4. Travailler sur ses propres émotions de parent
Si vous êtes très anxieux, votre enfant le ressentira. Il est donc essentiel de prendre soin de vous : parler à un autre parent, écrire vos ressentis, ou même pratiquer quelques respirations profondes avant la séparation.
N’oubliez pas que votre calme est contagieux : montrer confiance aide l’enfant à se sentir en sécurité.
5. Faire confiance à l’école
Les enseignants et les équipes pédagogiques sont habitués à gérer les séparations difficiles. Il est normal que l’enfant pleure quelques minutes, mais la grande majorité se calme rapidement une fois intégré à l’activité de classe.
Se rappeler que l’école est un lieu d’apprentissage et de socialisation peut aider à lâcher prise.
6. Valoriser les petites réussites
Chaque progrès mérite d’être souligné : « Aujourd’hui, tu es entré dans la classe sans pleurer », « Tu t’es fait un copain ». Ces encouragements renforcent la confiance de l’enfant et l’aident à associer l’école à une expérience positive.
Bandura, avec sa théorie de l’auto-efficacité, souligne l’importance de se sentir compétent dans des situations nouvelles pour renforcer la confiance en soi.
Conclusion
La rentrée scolaire est un passage parfois délicat, mais essentiel dans la construction de l’autonomie de l’enfant. Les pleurs, les inquiétudes ou la tristesse sont des réactions normales qui traduisent l’importance du lien parent-enfant.
En tant que parents, vous avez un rôle précieux : offrir une base sécurisante, rassurer sans surprotéger, et encourager votre enfant à s’ouvrir au monde. Chaque rentrée est une étape vers plus d’indépendance, et elle peut être vécue avec sérénité si l’on prend soin d’accompagner ses émotions… et les vôtres.
Rappelez-vous : ce n’est pas un adieu, mais un au revoir. Votre enfant revient vers vous chaque jour, enrichi de nouvelles expériences, et le lien qui vous unit reste intact.
Ressources pour aller plus loin
Lectures
John Bowlby, Attachement et perte
Daniel Stern, Le monde interpersonnel du nourrisson
Isabelle Filliozat, L’école du bien-être
Podcasts
Change ma vie (épisodes sur l’anxiété et la parentalité)
Parentalité bienveillante
Livres jeunesse pour préparer la rentrée
T’choupi rentre à l’école (Thierry Courtin)
L’école de Léon (Serge Bloch)
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