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Quand demander un bilan psychologique ou neuropsychologique ?

  • Photo du rédacteur: Mélody Aknine
    Mélody Aknine
  • 20 oct.
  • 4 min de lecture
neuropsychologie


Chaque enfant se développe à son propre rythme : certains apprennent à lire très vite, d’autres prennent un peu plus de temps ; certains sont à l’aise pour communiquer, d’autres se replient sur eux-mêmes. Mais parfois, les parents, les enseignants ou le médecin peuvent remarquer que certaines difficultés persistent malgré le temps et les efforts fournis. C’est souvent à ce moment-là qu’émerge la question : faut-il faire un bilan psychologique ou neuropsychologique ?


Cette démarche peut susciter des appréhensions — peur de "mettre une étiquette", de "pathologiser" un enfant — mais elle représente avant tout une opportunité de mieux comprendre son fonctionnement et d’ajuster l’accompagnement éducatif ou scolaire de manière adaptée.


Problématique : comprendre le rôle du bilan


Le bilan psychologique ou neuropsychologique n’a pas pour but de juger ou de “noter” un enfant. Il s’agit avant tout d’un outil de compréhension et de soutien. Le bilan psychologique permet d’explorer le développement intellectuel, affectif et comportemental de l’enfant. Il s’appuie sur des tests standardisés (comme le WISC-V pour le quotient intellectuel, ou le TEA-Ch pour l’attention), mais aussi sur des entretiens et des observations cliniques.


Le bilan neuropsychologique, quant à lui, va plus en profondeur dans l’analyse des fonctions cognitives : attention, mémoire, langage, fonctions exécutives, etc. Il est particulièrement indiqué lorsqu’un enfant présente :

  • Des difficultés scolaires importantes malgré des efforts constants ;

  • Une grande fatigabilité, une lenteur dans les apprentissages ;

  • Des troubles de la concentration ou de l’organisation ;

  • Des antécédents médicaux (traumatismes crâniens, prématurité, épilepsie, etc.).


Selon Jean Piaget, le développement cognitif de l’enfant passe par différentes étapes structurées, chacune reposant sur des acquisitions spécifiques. Si ces étapes sont ralenties ou perturbées, un bilan peut aider à identifier la nature du décalage et à proposer des ajustements ciblés. De même, les travaux de Lev Vygotski rappellent l’importance du contexte social et des interactions dans les apprentissages : un enfant en difficulté peut avoir besoin d’un environnement plus soutenant, pas nécessairement d’un diagnostic.


Sans une évaluation adaptée, les difficultés peuvent s’accentuer avec le temps, entraînant une perte de confiance, une baisse de motivation et parfois des troubles anxieux ou dépressifs.


Conseils pratiques et solutions


1. Repérer les signes d’alerte


Certains comportements peuvent indiquer qu’un bilan serait bénéfique :

  • Des résultats scolaires en baisse sans raison apparente ;

  • Une grande lenteur dans les devoirs ou la compréhension des consignes ;

  • Une hypersensibilité, une agitation excessive ou un manque de concentration ;

  • Des difficultés à se repérer dans le temps ou dans l’espace ;

  • Des troubles du langage ou de la mémoire.

Ces signes ne signifient pas forcément qu’il y a un trouble, mais qu’une évaluation approfondie peut aider à comprendre ce qui se passe.


2. En parler avec les bons interlocuteurs


Avant toute démarche, il est utile d’en discuter avec l’enseignant, le médecin traitant ou le pédiatre. Ces professionnels peuvent orienter vers un psychologue spécialisé en fonction du type de difficultés observées. Le dialogue avec l’école est essentiel : l’objectif n’est pas de “justifier” un problème, mais d’adapter l’environnement de l’enfant à ses besoins spécifiques.


3. Préparer l’enfant à la passation


Il est important d’expliquer à l’enfant que le bilan n’est pas un examen où il sera noté. On peut lui dire par exemple :

“Tu vas rencontrer quelqu’un qui va t’aider à mieux comprendre comment ton cerveau fonctionne, ce que tu fais très bien et ce qui est plus difficile pour toi.” Cette approche dédramatise la situation et favorise une attitude positive et coopérative.

4. Accueillir les résultats avec bienveillance


Les résultats d’un bilan ne sont ni bons ni mauvais. Ils offrent une photographie du fonctionnement de l’enfant à un moment donné. Le psychologue vous aide ensuite à comprendre ces résultats, à identifier les forces sur lesquelles s’appuyer, et à proposer des pistes concrètes d’accompagnement. Comme le rappelle Howard Gardner, théoricien des intelligences multiples, chaque enfant dispose d’un profil unique : l’intelligence n’est pas une note, mais un ensemble de compétences diverses (logiques, verbales, émotionnelles, corporelles…).


5. Mettre en place un accompagnement adapté


Selon les conclusions du bilan, différentes pistes peuvent être proposées :

  • Suivi psychologique pour travailler la confiance en soi ou la gestion du stress ;

  • Rééducation orthophonique, psychomotrice ou ergothérapeutique ;

  • Aménagements scolaires (temps supplémentaire, consignes adaptées, tutorat, etc.) ;

  • Soutien parental pour mieux comprendre et accompagner les besoins spécifiques de l’enfant.


Le plus important est de considérer le bilan comme un point de départ, et non une fin en soi. Il ouvre la voie à une meilleure compréhension, à des ajustements pédagogiques et à une communication plus sereine entre tous les adultes impliqués.


Conclusion


Demander un bilan psychologique ou neuropsychologique n’est pas un signe d’échec, mais un acte de bienveillance et de responsabilité parentale. C’est offrir à son enfant la possibilité d’être compris dans toute sa singularité, d’obtenir les outils nécessaires pour progresser et de retrouver confiance en lui. Chaque démarche de ce type permet non seulement d’éclairer les difficultés, mais aussi de révéler les forces souvent cachées derrière elles.

Les parents sont encouragés à se faire accompagner dans cette démarche : un psychologue pourra les guider pas à pas, les aider à interpréter les résultats et à mettre en place des solutions concrètes, adaptées au quotidien familial et scolaire.


Ressources pour aller plus loin

  • Ouvrages :

    • L’enfant et sa famille – Donald W. Winnicott

    • Les étapes du développement de l’enfant – Jean Piaget

    • Les intelligences multiples – Howard Gardner

    • Neuropsychologie de l’enfant – B. B. de Schonen

  • Podcasts et conférences :

    • Les couilles sur la table – “L’enfant roi ou l’enfant en difficulté ?”

    • Grand bien vous fasse ! (France Inter) – Épisodes sur la réussite scolaire et les bilans cognitifs.

    • Les couloirs du temps (La tête au carré, France Inter) – sur le développement du cerveau de l’enfant.

Sources

  • Piaget, J. (1972). Psychologie et pédagogie. Denoël.

  • Vygotski, L. (1934/1997). Pensée et langage. La Dispute.

  • Gardner, H. (1983). Frames of Mind: The Theory of Multiple Intelligences. Basic Books.

  • Barkley, R. A. (2015). Attention-Deficit Hyperactivity Disorder: A Handbook for Diagnosis and Treatment. Guilford Press.

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